LE BEAUXER
âme et corps
... Votre manière
inoubliable d’entrer, âme et corps, dans un cercle de famille, d’y
rêver, l’œil sur le feu, d’écouter les voix, les pensées, le choc de la
dernière porte, un pas au plafond…
Un chien de taille moyenne
Ni un chien petit à glisser dans un sac, ni un grand chien qui vous arrive entre la hanche et l'épaule.
Un chien musclé avec une gueule carrée
D'une expression redoutable (et qui sait pourtant se faire si douce), ferme et décidé, donc dissuasif. Bon gardien, car il défend sa propriété et ses maîtres.
Très doux aussi
Affectueux, tendre, il répond à vos caresses, il sait les quémander quand il en a envie et il se fait comprendre s'il en a assez.
Fidèle
Attaché à vous, il fait partie de la famille et il veut être traité comme tel et non être oublié dans un coin. Comme il vous est fidèle, il attend aussi de vous que vous le soyez à son égard.
Un coquin
Qui a tendance à mendier: si vous cédez, vous êtes perdu et ses glandes se mettront à saliver, laissant couler un fluide le long de ses babines. Il mendie très bien: il s'assoit et reste comme une statue à côté de vous ou se couche en sphinx, visage levé, yeux suppliants; si vous n'avez pas compris, au bout d'un moment il vous chante un air en crescendo: c'est si attendrissant!
Le soir
Il reste dans la même pièce que vous – ou à côté, mais il veut vous voir – et il se met à dormir. D’un œil seulement, car il garde, prêt à bondir ou à pousser un aboiement sonore. Si vous vous aplatissez au sol pour le caresser, il est heureux, vous prend par le cou et se tourne pour que vous lui caressiez le ventre et le poitrail. Et il vous parle avec des yeux éperdus.
Le boxer est curieuxIl saisit une feuille qui vole, non sans de comiques contorsions, il court vers un buisson qui s’agite, il tend l’oreille et s’arrête brusquement – en penchant parfois la tête – s’il perçoit un léger murmure au loin. Cachez quelque chose, il le cherche. Fermez la main, il la poussera de son museau pour l’ouvrir: Sous l’arbre de Noël, il va chercher son paquet-cadeau.
Le boxer aime « travailler »Il faut s’occuper de lui à 100%. Il est constitué pour se mouvoir. Il n’est pas une potiche que l’on admire sur son socle.
Le boxer est une part vivante de votre familleIl est toujours présent corps et âme. Il protégera et comprendra vos enfants, ce qui implique qu’eux aussi lui témoignent des égards et de l’affection.
Très propreIl ne commet pas de salissures à la maison. Vous devez toutefois l’emmener en promenade très régulièrement – sans aucune exception et quel que soit le temps ! – en tout cas 1 à 2h par jour. Il recherchera un carré d’herbe ou le pied d’un arbre pour déposer sa crotte.
Le boxer est un joueurIl joue avec un rien et il se réjouit si vous lui lancez une balle, si vous lui donnez un bâton, tout particulièrement si vous jouez avec lui. C’est un animal sociable: il se sent puni si vous l’ignorez… ou si vous l’oubliez pour parler avec quelqu’un au lieu de vous occuper de lui.
Le boxer est attentif et sensibleIl passe son temps à vous observer, même en paraissant dormir. Si vous avez décidé de partir et de le laisser à la maison, il le sait bien avant vos préparatifs. Si vous attendez quelqu’un, il le perçoit tout aussitôt; si les assiettes arrivent sur la table, il sait que c’est le moment du repas, tout comme il connaît aussi le moment du sien.
Il est cabochard et obstinéIl va jusqu’au bout de son idée et il faut des merveilles de créativité pour détourner son attention ou capter sa concentration et son écoute. D’où la nécessité de commencer tôt le travail d’éducation, avec les conseils de moniteurs qualifiés. Et aussi la nécessité de l’observer constamment afin de le connaître, d’anticiper et de comprendre ses réactions.
D'après le texte original de Ramon Nyffeler tiré du site du Boxer Club Genève.
Et l’écrivaine Colette, amie des chiens et des chats, qu’en écrit-elle?
La vogue du boxer est à son apogée. Aucun caractère de chien ne le méritait mieux, le bouledogue excepté. La femelle a toutes les vertus, d’amitié, de maternité. Et si valeureuse au combat qu’il faut craindre qu’elle y périsse. Je parle après une expérience qui nous donna pour amie une nommée Gertrude, courte, saucissonnière parce que trop nourrie, à qui ses resplendissants iris pailletés valurent le surnom de « La Fille aux yeux d’or ». Elle savait aimer autant que haïr, et montrait, à ses rivales de toutes races, ses dents sous sa noire lèvre retroussée. Mais dans ma famille qui l’avait recueillie, elle partageait entre nous tous une tendresse quasi enivrée, gémissante, — les boxers chantent et vocalisent — qui n’excluait pas les chats. O boxeresses masquées de noir et plissées de seyantes rides ! Vous voici à l’honneur, et je suis encore près de m’émouvoir, au passage de votre raciale odeur de poil ras, de petit cheval chaud et de gueule saine ! Votre manière inoubliable d’entrer, âme et corps, dans un cercle de famille, d’y rêver, l’œil sur le feu, d’écouter les voix, les pensées, le choc de la dernière porte, un pas au plafond…
Voilà, je pense, une amende honorable, payée à la gent canine ? Je ne la lui ai jamais marchandée. Mais une longue expérience m’apprit que nous déchaînons trop aisément le communicatif lyrisme du chien. Trois mots, leur accent, une caresse, et le chien éclate, peu maître de ses nerfs, de son langage. « Et allez donc, tout de suite les larmes ! » blâmait ma mère. N’empêche qu’il était beau ce sphinx presque sans secrets, assis parmi nous.
Elle s’appelait Gertrude. Elle s’asseyait sur sa cuisse pliée, comme une femme nue, et songeait, face à la flamme. La vie d’un chien émotif est bien courte !
Chiens de Colette
Extrait de Journal à rebours, Fayard, 1941